Les instances de la filière équine ont signé en 2016 La Charte du bien être équin qui se compose de 8 mesures générales en faveur d’une amélioration optimale du bien être des chevaux que nous hébergeons.

Mesure 4 : Veiller à structurer et aménager l’environnement de vie des chevaux de manière à leur permettre d’exprimer leurs comportements naturels et à leur offrir un confort de repos et de travail.

La domestication du cheval restreint inévitablement et de façon plus ou moins importante son domaine vital. Afin de lui permettre d’exprimer tous ses comportements naturels, faisons d’abord le point sur les caractéristiques comportementales de l’espèce pour en déduire les possibilités de structuration de l’espace les plus pertinentes. Dans un second temps, nous verrons comment la domestication qui est à l’origine liée au « travail » de l’animal peut aussi lui amener plus de confort.

Caractéristiques comportementales de l’espèce équine.

Le sujet est si vaste que nous allons nous contenter d’en dégager les grandes lignes utiles pour répondre à la question qui nous intéresse : Comment structurer au mieux l’environnement de vie des chevaux ?

On rappelle que l’espèce Equus caballus n’existe plus à l’état sauvage originel et qu’il est aujourd’hui le fruit de la domestication. Les individus libres sont de l’espèce Equus Prjevalski ou des chevaux ferraux (issus d’animaux domestiqués retournés à la vie sauvage). La morphologie du cheval a évolué non pas dans le sens d’une sélection adaptée à un environnement naturel mais au besoin qu’en avait l’homme. L’idée qu’il faut recréer un environnement naturel auquel le cheval est « par nature » adapté pose donc 2 problèmes : quel est réellement cet environnement ? et notre cheval domestique y est-il réellement adapté ? Comme toujours, la réponse nous est apportée par le cheval lui-même. L’observation précise et l’idée que la réponse varie en fonction de l’individu sont les deux fondamentaux à garder à l’esprit. Enfin, si la domestication a changé la morphologie des chevaux, il y a de bonne raisons de penser qu’elle n’a pas changé les fondamentaux du comportement de l’espèce que les éthologistes expriment comme suit :

Budget temps moyen :

  • 15 à 16h alimentation
  • 5 à 6h repos
  • 2 à 3h veille
  • 2h déplacement
  • Et le reste (dont comportements sociaux)

Importance de la vie sociale.

Le cheval est un animal grégaire (qui vit en groupe) et pour qui le groupe revêt une importance considérable en lui assurant notamment la sécurité. Le stress le plus violent pour lui est l’isolement de ses congénères.

La domestication ne modifie pas le répertoire comportemental de l’espèce. On observe que certains comportements peuvent ne pas être exprimés, leur durée ou leur fréquence peut être modifiée, des modifications qualitatives peuvent être observées.

On retiendra :

  • qu’il consomme une alimentation à base de fourrage pauvre et qu’il y consacre la majorité de son temps.
  • qu’il est perpétuellement en groupe et que les relations entre individus se construisent autour de relations d’affinités d’une part et de relations de dominance d’autre part pour accéder notamment aux ressources limitées. Les notions de hiérarchie et de leader sont aujourd’hui remises en causes par les éthologistes car elles ne se vérifient pas en pratique. Sans doute sont-elles trop simplistes et trop anthropomorphiques.
  • qu’il se déplace de préférence lentement pour chercher cette nourriture sur une distance qui varie autour d’environ 10 km par jour en fonction de l’abondance de la végétation.

Structurer l’espace et l’environnement

Structurer l’environnement domestique du cheval aura donc pour objectifs l’expression de la façon la plus large possible du répertoire comportemental du cheval ainsi que le respect de son budget temps. Les fondamentaux seront donc :

  • une alimentation qui occupe le cheval sur la plus longue durée possible pour se rapprocher des 15 à 16h qu’il consacre au pâturage. Le fourrage prendra donc une part prépondérante de l’alimentation. On essayer autant que possible de fractionner les distributions pour que le cheval répartisse sa prise alimentaire de façon régulière sur les 24 heures de la journée.
  • La possibilité de l’expression des interactions sociales. L’idéal étant bien sûr une vie en groupe, il ne faut cependant pas que sous prétexte de vie en groupe, on fasse courir des risques inconsidérés aux chevaux. Le cas de chevaux mâles entiers doit être traité de façon spécifique. De même, on ne mettra en groupe que de chevaux amenés à vivre de la sorte sur une certaine durée. Enfin, l’environnement du groupe doit permettre à chaque cheval de vivre sereinement et aux subordonnés de pouvoir éviter les dominants en toute condition. Lorsque l’hébergement individuel est inévitable, on préservera au maximum les possibilités d’interactions sociales de façon à ce que les chevaux pâtissent le moins possible de l’isolement. Des paddocks mitoyens, des boxes avec des cloisons ajourées qui permettent aux chevaux de se voir, se flairer ou se toucher contribuent activement à leur bien-être.
  • Générer une locomotion abondante mais lente avec un objectif que l’on situera entre 5 et 15 km /cheval /jour en fonction de l’âge de l’état de santé et de la condition physique des individus. Pour cela, on sépare tous les points d’intérêt en gardant à l’esprit que les chevaux vont se déplacer fréquemment entre les points d’alimentation et plus ponctuellement entre les autres points d’intérêt que constituent l’eau, le pré des chevaux du voisin, l’abri, le grattoir, la zone de roulade, et tout ce qui peut, de leur point de vue générer un quelconque attrait. Si des couloirs ou des chemins sont créés entre ces différents points, leur largeur aura un effet sur le stress et la vitesse de déplacement. En dessous de 8m de large on constate que les chevaux accélèrent en réaction au stress.

Dans des paddocks individuels, on pourra de la même façon espacer les points d’intérêt mais il est souvent difficile de générer une locomotion suffisante.

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Structurer l’espace et l’environnement

Structurer l’environnement domestique du cheval aura donc pour objectifs l’expression de la façon la plus large possible du répertoire comportemental du cheval ainsi que le respect de son budget temps. Les fondamentaux seront donc :

  • une alimentation qui occupe le cheval sur la plus longue durée possible pour se rapprocher des 15 à 16h qu’il consacre au pâturage. Le fourrage prendra donc une part prépondérante de l’alimentation. On essayer autant que possible de fractionner les distributions pour que le cheval répartisse sa prise alimentaire de façon régulière sur les 24 heures de la journée.
  • La possibilité de l’expression des interactions sociales. L’idéal étant bien sûr une vie en groupe, il ne faut cependant pas que sous prétexte de vie en groupe, on fasse courir des risques inconsidérés aux chevaux. Le cas de chevaux mâles entiers doit être traité de façon spécifique. De même, on ne mettra en groupe que de chevaux amenés à vivre de la sorte sur une certaine durée. Enfin, l’environnement du groupe doit permettre à chaque cheval de vivre sereinement et aux subordonnés de pouvoir éviter les dominants en toute condition. Lorsque l’hébergement individuel est inévitable, on préservera au maximum les possibilités d’interactions sociales de façon à ce que les chevaux pâtissent le moins possible de l’isolement. Des paddocks mitoyens, des boxes avec des cloisons ajourées qui permettent aux chevaux de se voir, se flairer ou se toucher contribuent activement à leur bien-être.
  • Générer une locomotion abondante mais lente avec un objectif que l’on situera entre 5 et 15 km /cheval /jour en fonction de l’âge de l’état de santé et de la condition physique des individus. Pour cela, on sépare tous les points d’intérêt en gardant à l’esprit que les chevaux vont se déplacer fréquemment entre les points d’alimentation et plus ponctuellement entre les autres points d’intérêt que constituent l’eau, le pré des chevaux du voisin, l’abri, le grattoir, la zone de roulade, et tout ce qui peut, de leur point de vue générer un quelconque attrait. Si des couloirs ou des chemins sont créés entre ces différents points, leur largeur aura un effet sur le stress et la vitesse de déplacement. En dessous de 8m de large on constate que les chevaux accélèrent en réaction au stress.

Dans des paddocks individuels, on pourra de la même façon espacer les points d’intérêt mais il est souvent difficile de générer une locomotion suffisante.

Le confort

La domestication si elle génère des contraintes (que l’on doit chercher à minimiser) ne peut pas être considérée non plus comme totalement délétère pour le cheval. Elle lui apporte de nombreux avantages comme :

  • La facilité alimentaire
  • La sécurité
  • Des soins
  • Du confort

Ce dernier point est mis en avant dans la charte sur le bien-être équin. Ce point est notamment mis en avant pour le confort de repos et pour le confort de travail.

Confort de repos

Le confort de repos est un plus apporté par l’homme. Le box souple copieusement garni de litière n’existe pas à l’état naturel. Il apporte deux choses : La tranquillité que le cheval peut apprécier si l’isolement est de courte durée et le revêtement confortable du sol. Dans un environnement naturel, les chevaux se couchent à même le sol à l’endroit qu’ils apprécient. Il semble qu’un sol sec et souple a souvent leur préférence. Les solutions techniques se partagent entre les tapis caoutchouc, matelas confort et sol garni de litière. Quelle que soit la solution retenue, il s’agit toujours d’un plus que le cheval n’aurait pas eu à disposition dans la nature. Ce plus est à considérer en terme de bien-être mais aussi en terme de travail et de cout. Sur ce point, les solutions de matelas sont les plus performantes car elles nécessitent beaucoup moins de travail, pas de stockage et aucun consommable. A contrario, il semble que la litière soit un peu plus appréciée par les chevaux. Attention, cela dépend de l’épaisseur proposée et de sa propreté. Il est évident qu’une litière trop peu abondante ou sale ne peut en aucun cas être considérée comme améliorant me confort.

Le confort de travail

Le confort de travail passe par l’adaptation de l’intensité de l’entrainement et par un équipement adapté. Le harnachement a ainsi fait de nombreux progrès avec entre autre le développement du saddle fitting qui apporte des réponses techniques aux pathologies dorsales liées au harnachement. Le sol fait entre autre partie des facteurs de confort du cheval au travail. Les sols équestres en sable ont fait beaucoup de progrès ces dernières années et l’on voit aujourd’hui apparaitre des solutions de sols synthétiques qui répondent bien à l’attente de sols de travail quotidien plus souples, demandant moins d’entretien et ne nécessitant pas d’arrosage. Ce secteur est sans doute amené à se développer.

Aborder l’expression des comportements naturels et la question du bien être dans une telle charte nous oblige à adopter une approche « cheval centrée » selon l’expression chère aux unités de recherche sur le comportement équin de l’université de Rennes. Il est bien évident que l’anthropomorphisme bien que pavé de bonnes intentions génère des biais dans les solutions techniques que nous proposons à nos chevaux. Apprenons à les observer de la façon la plus objective possible et c’est seulement suite à cette démarche que nous serons en mesure de leur apporter un vrai confort de cheval.

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