Lorsque l’on est amené à composer des groupes de chevaux, il est tout à fait pertinent de se questionner sur la taille du groupe à composer. Existe-t-il une taille idéale ? Y a-t-il certaines règles à suivre basées sur ce critère ?
Une question multifactorielle
Il n’est pas évident de donner une réponse générale sur cette thématique car un certain nombre de facteurs entrent en jeu pour qu’un groupe fonctionne bien. Pour ne citer que quelques paramètres sociaux, le fonctionnement général du groupe va être influencé par les membres qui le composent : leur état de santé, de bien-être, leurs expériences passées, leur capacité à communiquer, leurs relations sociales (affinités et rang hiérarchique), et par conséquent le réseau social qu’ils vont créer. On peut facilement imaginer qu’un cheval qui ressent des douleurs soit plus agressif avec ses congénères ou à l’inverse qu’il ait tendance à s’éloigner du groupe et éviter les interactions, ce qui aura des répercussions sur la dynamique du groupe entier. De même pour un cheval qui ne répond pas de façon appropriée aux signaux de ses congénères et génère des conflits. Dans ce cas de figure, le problème n’est pas directement lié à la taille du groupe mais plutôt à la composition et aux relations qui en découlent.
L’environnement va également avoir une place importante dans le bon fonctionnement du groupe, notamment l’espace dont il dispose et la façon dont celui-ci est aménagé (accès aux ressources). On ne peut donc pas prendre en compte uniquement la taille comme paramètre pour composer un groupe, il faut considérer la question dans son ensemble et comme un cas unique.
Et en conditions naturelles ?
L’observation en conditions naturelles peut tout de même donner une indication sur la taille des groupes que les chevaux forment d’eux-mêmes. Dans la littérature scientifique, il est rapporté que les groupes familiaux sont généralement composés de moins de 10 chevaux (de 3 à 7 membres le plus souvent). Les mâles célibataires sont quant à eux plus fréquemment observés dans des groupes de plus petite taille ne dépassant pas 4 chevaux.
Il peut également arriver que plusieurs groupes cohabitent au sein d’un même espace géographique et qu’une hiérarchie se mette en place entre ces groupes, notamment pour l’accès aux ressources.
Retour d’expérience en écuries actives avec des chevaux hébergés en groupe
En conclusion
Il n’existe pas de taille idéale pour un groupe, c’est un paramètre parmi d’autres pour assurer une ambiance calme. D’après l’observation de groupes sociaux en conditions naturelles, il est possible de composer de petits groupes (moins d’une dizaine de chevaux) sur le modèle du schéma familial mais aussi de plus grands (de 15 et plus) qui s’organiseront en sous-groupes. Cette décision dépendra alors des relations déjà existantes entre les chevaux, du type de structure dans laquelle ils évoluent (pré, écuries actives, etc…) et de l’espace disponible.
Éthologue ingénieure d’étude en éthologie depuis plusieurs années au CNRS de Strasbourg dans l’équipe de NeuroEthologie et Cognition Sociale, elle mène des projets portant essentiellement sur le bien-être social des chevaux. Après avoir dispensé des cours sur le comportement pendant une année à Avenches, elle se consacre, avec HORSE STOP®, à un nouveau projet de recherche portant sur l’intégration de la socialité du cheval dans les infrastructures équestres.