Bien qu’il porte un nom qui peut paraître un peu abstrait, le test de biais cognitif est en fait relativement facile à comprendre. Il permet tout simplement de savoir si le cheval perçoit son environnement de façon positive ou négative. En bref, s’il est plutôt optimiste ou pessimiste !
Qu’est ce que le test de biais cognitif?
Par le passé, des chercheurs ont mis en évidence que les conditions de vie plus ou moins optimales pouvaient changer ce point de vue et provoquer un biais cognitif. On parle aussi de biais de jugement. Effectué lors de travaux de recherche, ce test peut être utilisé pour évaluer l’état de bien-être des chevaux d’une structure. Il contribue également à comparer différents types d’hébergements, par exemple. Cela a ainsi démontré que des chevaux vivant en groupe social à l’extérieur présentait un biais positif par rapport à des chevaux vivant au box individuel.
Déroulement du test
La réalisation du test est assez simple. Il suffit d’avoir :
- un seau,
- un aliment que le cheval apprécie,
- un aliment qui le repousse
- un espace clos relativement grand (un paddock ou une partie de manège où le cheval peut se déplacer librement sans être attaché).
Il doit apprendre que si le seau est positionné à gauche, il y trouvera son aliment favori. Cela devient donc le côté « positif ». En revanche, si le seau est à droite, il sera rempli de l’aliment dont il ne veut pas. Ce côté devient donc le côté « négatif ».
En principe, lorsque le cheval a bien compris la distinction (après quelques séances de plusieurs essais de chaque côté), il se dirigera rapidement vers le côté positif et très lentement ou pas du tout vers le côté négatif. Une fois l’apprentissage effectué, on peut passer au test à proprement parlé. Le seau utilisé jusqu’à maintenant est alors placé au milieu. C’est-à-dire un emplacement considéré comme ambigu, car il est à mi-chemin entre le côté positif et le côté négatif. On observe alors à quelle vitesse se déplace le cheval pour atteindre le seau. Un cheval optimiste se dirigera aussi rapidement au milieu que vers le côté positif. En revanche, un cheval pessimiste ira plus lentement ou ne visitera même pas le seau, comme dans le cas de l’aliment répulsif.
Attention, pour que le test soit effectué de façon neutre le seau situé au milieu ne doit rien contenir. Ce test ne devrait pas être effectué plus de deux fois pour éviter que le cheval n’apprenne que le seau ne contient rien.
Des exemples en images lors de tests de biais cognitif
Dans notre étude, nous avons utilisé des seaux retournés afin que les chevaux ne voient pas ce qu’ils contiennent. Cela permet aussi de diminuer l’odeur des aliments situé du côté positif. Ici vous avez deux exemples de comportements face à l’emplacement ambigu :
Test 1 avec le cheval bai
On peut juger la réaction du cheval bai comme étant optimiste, car il se dirige directement vers le seau, de la même façon qu’il le fait pour le côté positif.
Test 2 avec le poney gris
À l’inverse, le poney gris présente une réaction plus pessimiste face à l’emplacement ambigu en restant à la position de départ sans bouger.
À propos de l’auteur : Anna Flamand
Anna Flamand est éthologue ingénieure d’étude en éthologie depuis plusieurs années au CNRS de Strasbourg dans l’équipe de NeuroEthologie et Cognition Sociale. Elle mène des projets portant essentiellement sur le bien-être social des chevaux. Après avoir dispensé des cours sur le comportement pendant une année à Avenches, elle se consacre, avec HORSE STOP®, à un nouveau projet de recherche portant sur l’intégration de la socialité du cheval dans les infrastructures équestres.