Le slowfeeding : une nouvelle méthode de distribution du fourrage
À l’état naturel, le cheval est adapté à un environnement steppique caractérisé par des espaces ouverts et une alimentation pauvre et dispersée. Parfaitement adapté à son environnement, il passe 70 % du temps à manger en récoltant essentiellement de l’herbe par petites touffes disséminées tout en se déplaçant. Comme il n’a pas besoin de s’arrêter de manger comme les ruminants, il est capable d’augmenter son temps de pâturage lorsque la ressource se raréfie. Il est naturellement adapté à une alimentation en faible quantité consommée en continu l’ensemble de la journée. Manger est l’occupation la plus importante de la vie d’un cheval. Si la domestication change la donne, le cheval, lui, est resté le même. Cela pose d’ailleurs des problèmes en terme de santé et de bien-être. Une des réponses récemment apparues : le slowfeeding. Pourquoi vouloir ralentir l’alimentation des chevaux ? Quels outils utiliser ?
Conséquences de l’alimentation en conditions domestique sur la santé et le bien être du cheval
L’estomac du cheval adulte a un volume de l’ordre de 15 à 18 L qui ne représente que 7 % de celui de son tube digestif. Il est donc proportionnellement petit. Les aliments y font un passage rapide et comme il est alimenté les ¾ du temps. Il a donc une activité continue.
La domestication a changé le type d’aliment ainsi que sa présentation. L’introduction de céréales dans l’alimentation offre une ration plus riche et plus facile à distribuer. La part de fourrage diminue donc en conséquence. La présentation de ce dernier le rend également plus facile à manger pour le cheval. Ces deux types d’aliments sont donc avalés rapidement et moins mastiqués. Les conséquences sont les suivantes :
- La salivation est moins importante, ce qui acidifie le pH de l’estomac.
- La ration vite absorbée. Cela libère beaucoup de « temps libre ».
- L’estomac n’est plus alimenté en continu.
La physiologie du cheval est impactée :
- L’acidification de l’estomac génère plus facilement des ulcères douloureux.
- Le cheval devient sujet au stress généré par l’ennui, sa réponse comportementale. Ce sont les stéréotypies appelées plus couramment tics (tic à l’ours, tic à l’air, tic à l’appui, langue serpentine, arpenteur, léchages compulsifs etc.)
Qu’est-ce que le slowfeeding ?
« L’idée du slowfeeding part de ce constat que le mode de présentation de l’aliment ainsi que le temps passé à manger sont aussi importants que la valeur alimentaire de la ration. Il a pour objectif de se rapprocher du rythme d’alimentation naturel du cheval grâce à des équipements de distribution de fourrage adaptés. »
Les filets à foin
Si on présente le fourrage en vrac, le cheval le mange rapidement par grosses bouchées. Soit on laisse le fourrage en libre-service avec les conséquences sur le surpoids et le coût du gaspillage. Soit on rationne le fourrage mais le cheval avale la ration rapidement. Il va ainsi rester un long moment avec l’estomac vide. Le problème reste donc entier.
En rendant la préhension du fourrage plus compliquée, c’est-à-dire brin par brin plutôt que bouchée par bouchée, il vise à maximiser le temps d’ingestion pour le rapprocher de la référence observée en conditions naturelles. Plusieurs systèmes existent :
- Le filet à foin petites mailles: Le cheval s’évertue à tirer les brins les uns après les autres. La taille des mailles s’adapte en fonction de la vitesse d’ingestion souhaitée et du gabarit des chevaux . Les tailles le plus couramment utilisées sont de 4.5 cm pour les chevaux jusqu’à 3 cm pour de petits poneys.
- Les râteliers de slowfeeding sont remplis de foin et recouverts par une grille métallique qui empêche le cheval d’attraper une bouchée entière. Il doit donc tirer le fourrage par petites quantités. Il met donc plus de temps à manger sa ration.
Les distributeurs de fourrage programmables
La problématique se corse lorsque les chevaux sont hébergés en groupe et que leurs besoins diffèrent. Le concept de l’écurie active propose alors d’utiliser des distributeurs automatiques de fourrage.
Chaque cheval porte un transpondeur. L’antenne détecte et reconnaît ainsi l’équidé, lorsqu’il se présente au distributeur individuel de fourrage. La plaque occultant l’accès au foin s’abaisse alors de façon à ce que le cheval puisse manger. Selon le réglage de la machine, chaque cheval dispose d’un temps nécessaire à l’absorption correspondant d’une fraction de sa ration quotidienne. Lorsque le délai est écoulé, la plaque remonte doucement et le cheval n’a plus qu’à sortir du distributeur. Un congénère peut alors venir à sa place pour manger durant le temps qui lui sera imparti.
Classiquement, on règle la machine pour que chaque cheval dispose de 18 accès quotidiens au fourrage. Chaque accès sera plus ou moins long selon les besoins. Si cet équipement ne permet pas au cheval de manger 15h par jour, il a l’avantage de répartir la ration sur toute la journée. On pourra parallèlement laisser de la paille en libre service ou sous un filet à foin pour que les chevaux continuent à mâcher un peu entre les repas de fourrage.
Le mot de la fin sur le slowfeeding…
Soucieux d’offrir des conditions d’hébergement respectueuses des besoins comportementaux et physiologiques des chevaux, les équipements de slowfeeding permettent aujourd’hui de nourrir les chevaux selon des rythmes plus naturels. Le contrôle des qualités sanitaires et nutritionnelles des aliments doit également être fait de façon rigoureuse. Tous les foins et tous les concentrés ne se valent pas. Donner un fourrage de très grande qualité nutritionnelle mais en plus petites quantités est-il pertinent ? La réponse tient souvent dans un certain bon sens et dans l’observation des chevaux de façon quotidienne, attentive et avec le moins possible d’à priori et autres idées reçues.
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