Les nouveaux modes d’hébergement en faveur du bien-être animal – partie 1
Titulaire d’un DESS d’éthologie appliquée et médiatrice scientifique, Hélène Roche est passionnée par les chevaux depuis sa plus tendre enfance. Elle étudie les comportements des équidés depuis plus de 20 ans et partage ses analyses et ses observations dans plusieurs ouvrages reconnus dont elle est l’auteur. Elle s’efforce de rendre les travaux de la recherche accessibles pour promouvoir et assurer le bien-être de l’animal.
Voici le résumé de son intervention lors du webinaire « Du cheval sauvage à l’écurie moderne » qui a eu lieu le 1er février 2022 aux côtés du Groupement Vétérinaire St Léonard et de HORSE STOP®.
Les besoins fondamentaux des chevaux : les bases du bien-être équin
De nos jours, l’observation du cheval à l’état naturel sert de référence à toutes les personnes soucieuses du bien-être équin. Elle permet d’identifier et d’isoler certains éléments clés de l’équilibre des équidés. Des besoins fondamentaux, comme l’accès à une alimentation à base de fibres, la locomotion libre ou encore, la possibilité d’avoir des contacts sociaux.
Les habitudes de vie des chevaux sauvages
À l’état naturel, l’alimentation occupe la majeure partie de la journée du cheval. Il dédie entre 12 h et 18 h à cette activité et passe près de 60 % de son temps à manger. Par ailleurs, il ne reste jamais plus de 3 h 30 sans consommer de nourriture. En un mot, l’alimentation rythme ses journées, au même titre que ses nuits, puisqu’il consacre environ 50 % des phases nocturnes à manger.
Le reste de son temps est réparti entre plusieurs activités :
- le repos debout et couché (25 % du temps) ;
- le déplacement actif (6 % du temps est consacré au déplacement hors alimentation) ;
- la vigilance et l’observation de l’environnement (6 % du temps actif) ;
- les autres activités comme uriner, se gratter, se rouler ou avoir des interactions sociales (3 % du temps).
Cette organisation quotidienne constitue le budget temps de l’animal, une référence qui doit être respectée pour limiter l’apparition de problèmes comportementaux ou de pathologies de santé.
Risques et conséquences pour l’animal
En cas de non-respect du budget temps, les chevaux s’exposent à certains risques pour leur santé. Il s’agit de troubles psychologiques (stéréotypies) ou de maladies diverses comme des coliques, des ulcères gastriques ou la dégradation des relations avec les humains.
Vous l’aurez compris, pour rester en bonne santé psychique et physique, les chevaux ont des besoins fondamentaux qui doivent être respectés. Si ces derniers sont ignorés, les équidés risquent de présenter des troubles plus ou moins envahissants, des manifestations polymorphes qui peuvent varier sensiblement d’un individu à l’autre.
Parmi les manifestations du mal-être psychologique, il faut citer :
- Le tic de l’ours, un comportement qui pousse les chevaux à se balancer d’un pied sur l’autre. Le tic de l’ours est facile à contrer en offrant des sorties libres au paddock, des contacts sociaux avec les congénères ou en corrigeant simplement l’environnement de l’animal.
- Les tics de bouche. Une conduite pathologique et stéréotypée, puisque l’animal répète une série d’actions sans prêter attention à ce qui se passe autour de lui. Il peut, par exemple, frotter ses dents contre les barreaux, puis claquer les lèvres et mordre sa langue dans un ordre précis, avant de recommencer. Pour corriger les tics de bouche, on peut donner accès à du fourrage ou de l’herbe en grande quantité ou à volonté.
- La lignophagie, qui pousse les chevaux à consommer du bois.
- La coprophagie. Une déviance comportementale dans laquelle les équidés mangent leurs excréments. La coprophagie peut être rectifiée grâce à un apport de fourrage supplémentaire ou des compléments minéraux (chez le poulain âgé de quelques mois, la coprologie est normale).
- L’hypervigilance qui se manifeste par de l’observation à outrance, au-delà du budget temps naturel. Elle peut être corrigée en modifiant les conditions de vie de l’animal.
- La posture de retrait. Dans ce cas, le cheval paraît adopter une attitude de repos debout, mais il est indifférent à tout ce qui se passe dans son environnement et reste les yeux ouverts et le regard fixe.
- Les comportements d’automutilation des mâles (principalement non castrés) qui se mordent les parties accessibles de leurs corps. L’automutilation est une réaction qui peut être résolue en changeant le cadre social de l’animal ou en ayant recours à la castration.
Vous l’aurez compris, pour rester en bonne santé psychique et physique, les chevaux ont des besoins fondamentaux qui doivent être respectés. Si ces derniers sont ignorés, les équidés risquent de présenter des troubles plus ou moins envahissants, des manifestations polymorphes qui peuvent varier sensiblement d’un individu à l’autre.
État sauvage ou domestication : des similitudes comportementales
À l’état sauvage, les chevaux ont une organisation sociale bien définie. C’est aussi le cas des animaux domestiqués lorsqu’ils retournent à l’état naturel. En d’autres mots, tous les équidés ont la même organisation sociale, qu’il s’agisse des chevaux domestiques, féraux et de Przewalski.
Dans la nature, les juments vivent en petit groupe avec un étalon. La famille peut être composé d’une ou plusieurs juments adultes, du mâle et des jeunes de l’année, tous sexes confondus. Les chevaux juvéniles restent au sein du groupe jusqu’à ce qu’ils atteignent l’âge de 2 ou 3 ans. Ensuite, les femelles rejoignent un autre groupe familial ou un mâle en passe de constituer une nouvelle « famille ». Les mâles, quant à eux, se rassemblent en groupe d’étalons célibataires avec des jeunes et des étalons adultes qui ont perdu leur groupe familial.
Point important mis en évidence par Hélène Roche : l’ontogenèse sociale (l’acquisition des comportements sociaux) est la même pour les chevaux domestiques et les chevaux sauvages (ils ont le même développement comportemental de la naissance jusqu’à l’âge adulte). Quant à l’organisation sociale, elle s’exprime de manière identique si on offre la possibilité aux animaux domestiques d’avoir du contact avec leurs congénères (la castration atténue cependant certaines conduites sexuelles).
La vie sauvage : méfiez-vous des idées reçues
La notion de troupeau
Beaucoup de personnes imaginent que les chevaux sauvages vivent en très grand groupe. C’est une erreur nous explique-t-elle ! En fait, si les chevaux forment bien des troupeaux, ces communautés sont divisées en un ensemble de petits groupes pouvant rassembler 2 à 20 individus maximum, avec une moyenne de 4 à 6 chevaux par groupe.
Les grands marcheurs
Selon une autre idée reçue, les chevaux sont de grands marcheurs qui parcourent 20 à 40 km par jour. Cette notion est à l’origine du Concept Paddock Paradise, un type d’aménagement mis en place par Jamy Jackson aux États-Unis, dans lequel des pistes sont installées entre les pâturages pour encourager la marche des équidés.
Pour vérifier cette affirmation, l’association pour le développement des sciences équines a mené l’enquête. Lors d’une étude participative* réalisée en 2017, plusieurs chevaux ont été équipés de GPS pendant 3 jours afin d’analyser leurs déplacements. D’après les résultats de cette mise en situation, les chevaux parcourent seulement 8 à 12 km par jour, quels que soient les espaces auxquels ils ont accès. Ces données concordent avec les relevés réalisés sur des chevaux libres. Les chevaux se déplacent rarement plus de 10km par jour.
La longévité du cheval
Beaucoup de personnes imaginent que les chevaux vivent 30 à 40 ans dans la nature, une longévité exceptionnelle qui les place au-dessus de leurs congénères domestiques. Pourtant, peu de données existent pour corroborer ces affirmations et la durée de vie moyenne semble plus proche de 5 à 8 ans.
Quant aux animaux les plus vieux, on estime qu’ils dépassent rarement l’âge de 25 ans du fait de l’érosion dentaire, voire de la perte de la denture qui les empêche de s’alimenter normalement.
Le “bonheur” animal : une illusion fragile
Dans la nature, les équidés mènent une existence difficile, bien loin de l’idéal imaginaire collectif. En effet, les chevaux sauvages sont exposés à un bon nombre de blessures accidentelles susceptibles de s’infecter, ils présentent aussi parfois certaines malformations ou des pathologies invalidantes qui peuvent entraîner un décès prématuré. Ce n’est pas tout ! En cas de surpopulation, les ressources naturelles diminuent et les individus les plus faibles sont les premiers à mourir. C’est aussi le cas lors des perturbations climatiques ou des incendies, par exemple.
Les intempéries et les nuisances : un risque naturel qu’Hélène Roche met en évidence
Parmi les intempéries auxquelles doivent faire face les chevaux sauvages, il faut citer :
- les tempêtes de neige qui surprennent parfois les équidés en montagne durant l’été ;
- la foudre, bien qu’il s’agisse d’une cause de mortalité assez rare.
Pour finir, les chevaux à l’état naturel modifient leur comportement lorsqu’ils sont assaillis par les insectes (des vecteurs importants de maladies). En cas de forte infestation, les équidés se privent volontairement d’une partie de leur alimentation en ne rejoignent les pâturages qu’à la tombée du jour ou à l’aube.
Vous l’aurez compris, il n’existe pas de mode de vie idéal. Si la domestication engendre son lot de contraintes, elle possède un atout certain : elle offre la possibilité d’accompagner les chevaux jusqu’à la fin de leur vie, en leur apportant des soins adaptés et un hébergement conforme à leurs besoins fondamentaux. Pour parvenir à cela, les propriétaires équins peuvent s’inspirer des habitudes des animaux sauvages.
Notre offre
Nous accompagnons et concevons des projets d’hébergement ou d’infrastructures équestres innovants :
Ils partagent leur expérience
Découvrez les témoignages de ceux qui nous ont fait confiance :