L’hébergement des chevaux dans les écuries fait une place de plus en plus importante aux paddocks collectifs. En effet, ils répondent aux besoins fondamentaux du cheval et contribuent à lutter contre les pathologies que génère un confinement prolongé au box. Par ailleurs, les propriétaires sont de plus en plus conscients que de laisser les chevaux avoir une vie et des contacts sociaux fait partie intégrante de leur bien-être. Ainsi, ils sont plus nombreux à les héberger ou les mettre au paddock collectif toute ou partie de l’année. Pour garantir sécurité et praticité, un certain nombre d’aménagements doivent être pensés en conséquence.
Clôtures et sécurité
Le premier point de sécurité dans les paddocks, ce sont les clôtures. Elles doivent à la fois contenir les chevaux de façon efficace pour éviter toute divagation et prévenir toute blessure. Ces points ont été traités dans d’autres articles.
L’agencement général des clôtures et les dimensions des paddocks sont des points rarement abordés. Cependant, ils sont fondamentaux dans la gestion de la sécurité des chevaux au paddock collectif. En effet, comme beaucoup de propriétaires le craignent, le risque de la mise au paddock en groupe (à partir de 2 chevaux), c’est la blessure lors de chamailleries. Si les blessures par morsures sont pour la plupart bénignes, les coups de pieds peuvent quant à eux infliger des blessures bien plus sévères. Cela pouvant aller jusqu’au risque d’infirmité ou de mort de l’animal. Une part de ce risque sera gérée par des pratiques de mise en contact progressif des chevaux. Il est indispensable que la fuite d’un cheval dominé ne soit pas entravée par les clôtures s’il doit éviter un dominant de mauvaise humeur.
Les règles du paddock collectif
? La première règle de base du paddock collectif
Aucun angle de clôture à moins de 90°, et idéalement à moins de 45°. Cela peut paraitre très contraignant, voire impossible dans certains endroits, mais c’est en réalité assez simple. Il suffit de tronquer les angles voisins de 90° avec une paire de lices de 3m pour créer des angles deux angles de 45°. Ceci crée un environnement plus favorable aux évitements des subordonnés. On va peut-être perdre quelques m² de paddock dans les coins, mais c’est le prix (somme toute bon marché) de la sécurité des chevaux au paddock. On pourra profiter de ces petits espaces protégés par des clôtures pour planter quelques arbres. Ces derniers apporteront de l’ombre et quelques feuilles à grignoter pour les chevaux.
? La seconde règle du paddock collectif
Pas d’espaces étroits. En effet, les espaces étroits stressent les chevaux. C’est bien légitime, car ils peuvent potentiellement s’y faire coincer plus facilement. Le critère observable pour juger de l’étroitesse est la locomotion. Un cheval stressé va accélérer dans ces espaces pour prendre le trot ou le galop. Par opposition, un cheval reste au pas dans un environnement sécurisant (en dehors des comportements sociaux ou de fuite). Cette largeur varie notamment en fonction de l’effectif du groupe de chevaux hébergés ensemble dans un paddock collectif. Elle commence généralement vers 7 à 8 m pour des chevaux par 2. Elle doit monter à 10 m pour les effectifs importants de plus de 15 chevaux dans un groupe. Si la configuration du site oblige à emprunter un passage étroit, il devra rester ponctuel et ne pas dépasser quelques mètres de longueur.
? Troisième règle du paddock collectif
Ponctuer l’espace pour que les chevaux puissent s’isoler les uns des autres. En conditions naturelles, les chevaux gardent entre eux certaines distances plus ou moins importantes en fonction de leurs affinités. Ils sont rarement collés entre eux comme des moutons. La configuration des paddocks d’hébergement collectifs doit donc proposer cette possibilité aux chevaux. Ainsi, on n’hésitera pas à y créer de façon ponctuelle quelques îlots avec des clôtures ou tout autre élément paysager. En pratique, on observe au sein des groupes que les chevaux apprécient de temps en temps de pouvoir s’isoler un peu du reste du groupe. Dans ces cas, ils se placent de l’autre côté de l’un de ces éléments paysagers pour y somnoler ou simplement rester tranquille.
Configuration des abris et sécurité
De la même façon que pour les clôtures, les abris dans des parcs collectifs doivent être aménagés pour prévenir le risque qu’un cheval soit coincé par d’autres dans un coin. On privilégie donc des abris avec peu de profondeur, beaucoup de largeurs et de larges ouvertures en façade. Si on utilise en abri un bâtiment existant et que ses proportions ne sont pas idéales, on pourra tronquer les coins en installant des lices bois de 3m pour aménager les angles. Si l’abri à une configuration de « couloir », mieux vaut en condamner les accès ou le réaménager plutôt que de risquer un accident.
Distribution de l’alimentation et sécurité
Une fois les clôtures et les abris aménagés pour que les chevaux puissent s’éviter lors des interactions agonistiques, on passe à l’étape suivante. En effet, on va chercher à limiter les interactions, afin qu’elles soient les moins fréquentes et les moins intenses possible. Pour cela, il faut identifier les principales causes de conflits. Vous pourrez ainsi ensuite en éliminer les causes. Comme le cheval passe 60 à 70% de son temps à manger, il est évident que l’alimentation est potentiellement la principale cause de conflit.
Quelles solutions mettre en place ?
Pour éliminer cette cause, la solution à privilégier est d’offrir un accès « à volonté » au fourrage. De cette façon, l’accès à la ressource illimitée ne fait pas l’objet de concurrence. Par extension, elle ne génère donc pas de conflits non plus. Il faudra simplement prévoir assez d’accès pour que les chevaux puissent simultanément accéder au fourrage sans être trop serrés. Pour une façade d’affouragement sur un abri de distribution par exemple, on recommande 2 passages d’encolure par cheval. Ce n’est qu’une recommandation. Le bon critère d’évaluation est comme toujours l’observation des chevaux. Des menaces, intimidations et évitements fréquents seront le signe que les accès sont insuffisants par rapport à l’effectif de chevaux dans le groupe.
Qu’en est-il des zones d’alimentation ?
De la même façon que les clôtures ne doivent pas générer de zone « à risque », on agencera de même les distributeurs de fourrage (abri ou râtelier). Il s’agit ici d’offrir suffisamment de dégagement pour que les chevaux puissent s’éviter tout en restant au pas. Nous recommandons de positionner les râteliers à au moins 6 m des clôtures pour les petits groupes. Quant aux groupes plus importants, comptez 8 à 10 m.
Dans les écuries actives, on peut également isoler les chevaux lorsqu’ils mangent avec des distributeurs automatiques de concentré ou de fourrage pour remédier à ce problème de concurrence alimentaire. Le choix du fourrage en libre-service y est généralement fait pour la partie du troupeau qui ne nécessite pas d’être régulée sur sa consommation de foin.
Le mot de la fin sur le paddock collectif et la sécurité des équidés
Une fois aménagés de façon sécuritaire, le paddock collectif génère plus de bien-être aux chevaux qui peuvent y être hébergés en groupe. Il contribue également à réduire la manutention grâce à la mécanisation pour le personnel qui soigne les chevaux au quotidien. C’est en effet une pratique efficace choisie par de nombreux professionnels dans différentes disciplines. Par ailleurs, ce type de service est de plus en plus attendu par la clientèle des écoles d’équitation et des écuries de pension. Le paddock collectif permet de mieux observer les comportements naturels de chevaux dans une ambiance apaisée et conviviale.
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